Rencontre avec Karim Aïnouz : de l’Algérie à Cannes

Le réalisateur brésilien Karim Aïnouz, connu pour ses films « Le Jeu de la reine », « Marin des montagnes » et « Motel Destino », est actuellement en lice pour la Palme d’or du Festival de Cannes. Dans une interview exclusive, il évoque son parcours, son lien avec l’Algérie, sa passion pour le cinéma et son désir de partager son art avec le public.

Karim Aïnouz revient sur son expérience en Algérie, où il a puisé son inspiration pour ses films. Il parle de l’importance de ce pays dans sa vie et dans son travail de cinéaste. Il évoque également son passage à Cannes, un événement majeur pour tout réalisateur, et partage ses impressions sur sa sélection en compétition pour la Palme d’or.

Le cinéaste brésilien se confie sur son processus de création, sur les défis qu’il a dû relever pour réaliser ses films et sur son engagement envers son art. Il parle de sa vision du cinéma, de son style unique et de sa volonté de transmettre des émotions à travers ses œuvres.

Karim Aïnouz aborde également son dernier projet, « Motel Destino », et dévoile les coulisses de sa création. Il partage ses réflexions sur le monde du cinéma, sur l’importance de la diversité et de l’inclusion dans l’industrie cinématographique.

En somme, cette rencontre avec Karim Aïnouz nous plonge au cœur de son univers artistique, nous permettant de découvrir l’homme derrière le réalisateur, son parcours, ses inspirations et ses aspirations. Une discussion passionnante avec l’un des cinéastes les plus prometteurs de sa génération.

Grand entretien



  

  
  

      

  

  
    " 'Marin des montagnes' est un film qui m'a libéré" : le cinéaste brésilien Karim Aïnouz évoque l'Algérie, son cinéma, Cannes et son envie de transmettre
          "Le Jeu de la reine", "Marin des montagnes" et maintenant "Motel Destino", en lice pour la Palme d'or de la 77e édition du Festival de Cannes : Karim Aïnouz est incontournable sur les écrans français ces dernières semaines. Entretien.

« Le Jeu de la reine », « Marin des montagnes » et « Motel Destino » sont les films qui font sensation à la 77e édition du Festival de Cannes, en compétition pour la prestigieuse Palme d’or. Karim Aïnouz, le réalisateur de ces œuvres, est actuellement au cœur de l’actualité cinématographique en France. Son talent et sa créativité ne cessent d’impressionner les spectateurs et les critiques. Dans une récente interview, il partage son expérience et sa vision artistique, qui ont contribué à faire de lui un incontournable du cinéma contemporain.

Marin des montagnes : un documentaire sur l’Algérie par Karim Aïnouz

Le film « Marin des montagnes », sorti en salles le 17 avril, est un documentaire sur l’Algérie, pays découvert pour la première fois par Karim Aïnouz en 2019. Par ailleurs, sa dernière fiction, « Motel Destino », sera en compétition au prochain Festival de Cannes. Franceinfo Culture a rencontré le cinéaste brésilien Karim Aïnouz.

Un voyage en Algérie en hommage à sa mère

Interrogé sur la motivation de son voyage en Algérie, pays natal de son père, Karim Aïnouz explique que ce voyage était un rêve de sa mère, jamais réalisé en raison de divers obstacles. Il souligne l’importance de ce voyage en tant que réparation, un moyen de renouer avec ses origines et de rendre hommage à sa mère. Ce voyage en Algérie a été une source d’inspiration pour la réalisation du film « Marin des montagnes ».

Une lettre à Iracema, sa mère

Le documentaire de Karim Aïnouz est en réalité une lettre à sa mère, une manière de communiquer avec elle à travers les images et les souvenirs. Il évoque l’influence de films comme « News From Home » de Chantal Akerman dans sa démarche artistique. Cette approche épistolaire confère au film une dimension intime et personnelle.

Une palette de couleurs vibrantes

Karim Aïnouz explique son attrait pour les couleurs vives, notamment le rouge, qui est omniprésent dans ses films. Il associe la couleur à une pulsation de vie et à la nécessité de conserver des souvenirs visuels. Son héritage familial et ses problèmes de vue ont également influencé sa perception des couleurs et leur utilisation dans ses œuvres.

Exploration de l’inconscient et liberté artistique

A travers son documentaire, Karim Aïnouz explore son inconscient et expérimente de nouvelles formes narratives. Il évoque sa liberté artistique et sa volonté de repousser les limites de la narration traditionnelle. Cette démarche créative lui a permis de se libérer et d’explorer de nouveaux horizons dans son travail cinématographique.

Retour aux sources et quête d’identité

Le voyage en Algérie a été pour Karim Aïnouz une manière de renouer avec ses racines et de mieux comprendre l’histoire de sa famille. Il évoque les paradoxes de cette découverte, entre fascination et désir de fuite. Son immersion dans la révolution algérienne et le mouvement du Hirak lui ont permis de mieux appréhender son histoire familiale et son implication dans ces événements historiques.

En somme, le film « Marin des montagnes » est le résultat d’une quête personnelle et artistique, une exploration des liens familiaux et des héritages culturels qui ont façonné l’identité de Karim Aïnouz en tant que cinéaste. Le film « Marin des montagnes » a permis à Karim Aïnouz de renouer avec ses racines algériennes. Il évoque désormais l’Algérie, son histoire, sa révolution, sa famille paternelle, alors qu’auparavant il ne disposait pas de ces repères. Ce film lui a donné envie de travailler en Algérie et en Afrique, continents souvent relégués dans l’invisibilité. Il souligne l’importance de rendre visibles certaines histoires, un processus entamé avec son premier film « Madame Satã » qui mettait en lumière l’invisibilité d’un transformiste. Il considère que faire du cinéma permet une réparation historique et met fin à l’invisibilisation.

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A travers ses films, notamment « Le Jeu de la reine », Karim Aïnouz met en lumière la place des femmes dans la société. Il explique cette préférence pour les personnages féminins par le fait qu’il a grandi entouré de femmes, percevant chez elles une horizontalité et une solidarité. Il aborde également la nécessité de comprendre les personnages masculins pour mieux appréhender les femmes. Son prochain film « Motel Destino » abordera la thématique du sexe et de l’amour, mettant en scène une relation entre un homme afro-indien et une femme plus âgée. Ce film est le fruit d’une collaboration avec des étudiants de son école de scénario.

Karim Aïnouz évoque son attachement au Festival de Cannes, un rendez-vous marquant pour lui. Pour lui, les festivals de cinéma sont des espaces stratégiques pour les films non américains qui ont des budgets de promotion limités. Cannes représente un espoir dans une industrie cinématographique dominée par les productions anglo-françaises et européennes. Il souligne l’importance des rencontres et de la magie que le festival apporte au cinéma. Je me rappelle que c’est à Cannes que j’ai rencontré toute une génération de réalisateurs d’Amérique latine, même lorsque je n’avais pas de film à présenter. Le Festival de Cannes est un lieu de rencontres moins coûteux que de voyager à travers différents pays sud-américains pour échanger. C’est un endroit où les expériences peuvent vraiment être partagées, que ce soit avec des cinéastes latino-américains ou des cinéastes venant de Chine, de Taïwan ou du Japon. Cannes est avant tout un lieu d’échanges.

En ce qui concerne le cinéma brésilien et celui d’Amérique latine, ils sont instables, à l’image de l’instabilité politique qui règne sur le continent. Au Brésil, le film Motel Destino a été financé avant l’arrivée au pouvoir de l’ancien président Jaïr Bolsonaro. Cependant, aucun contrat n’a été honoré. Le financement a été obtenu du fonds national pour la production après son départ. Pendant quatre ans, le cinéma brésilien a dû se contenter de travailler pour les plateformes, réduisant ainsi sa diversité au silence. Aujourd’hui, un renouveau semble se profiler, comme en témoignent les films présents sur la Croisette (Motel Destino, A queda do céu (La Chute du ciel) d’Eryk Rocha et Gabriela Carneiro da Cunha, ainsi que Baby de Marcelo Caetano à la Semaine de la critique). Il est rare qu’un film soit présent dans toutes les sections. Après la période difficile que nous avons traversée, il semble y avoir une explosion du cinéma brésilien, à l’image d’un pays ayant vécu des circonstances similaires pendant quatre ans.

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