Benoît Trépied, un expert renommé de la Nouvelle-Calédonie, a exprimé des réserves quant à la décision de transférer en métropole sept militants indépendantistes kanak du CCAT. Ces militants sont actuellement accusés d’avoir été les instigateurs des émeutes qui ont éclaté il y a quelques semaines.
Une décision controversée
Selon Benoît Trépied, anthropologue au CNRS et spécialiste de la Nouvelle-Calédonie, le transfert de sept militants indépendantistes kanak de la CCAT vers la France pour y être incarcérés risque d’attiser les tensions déjà présentes dans le pays. Cette décision est perçue comme une injustice par de nombreux Kanaks, alimentant le sentiment de justice coloniale et renforçant le mouvement indépendantiste.
Une situation explosive
La popularité de la CCAT au sein du peuple kanak rend difficile le retour à la paix tant que cette organisation n’est pas incluse dans les discussions. L’exil des militants en France est vécu comme une forme d’exil pour des personnes qui ne se considèrent pas Françaises, ce qui ne fait qu’empirer la situation. Benoît Trépied souligne que la politique sécuritaire mise en place n’a pas ramené la paix et que seule une véritable table ronde incluant tous les acteurs pourra permettre d’apaiser les tensions.
Des tensions persistantes
Malgré les appels au calme, la Nouvelle-Calédonie reste marquée par des barrages revendiqués par la CCAT, témoignant de la décentralisation du mouvement. Benoît Trépied remet en question l’idée selon laquelle les émeutes auraient été planifiées, soulignant l’autonomie des différents barrages. Il explique que la jeunesse kanak exprime son ras-le-bol et sa volonté d’indépendance à travers ces actions, sans qu’il y ait une mainmise directe des leaders politiques.
Un avenir incertain
La suspension du projet de loi contesté n’a pas suffi à apaiser les tensions en Nouvelle-Calédonie, notamment en l’absence d’un processus politique clair. Benoît Trépied critique le manque de vision à long terme et souligne le flou qui persiste tant en Nouvelle-Calédonie qu’en France. Tant que des discussions inclusives ne seront pas menées et que des élections n’auront pas lieu, la situation risque de rester tendue.