Une perquisition a également eu lieu au siège.
Le PDG et la directrice générale de l’AGMP en garde à vue à Toulon
Le PDG et la directrice générale de l’Association générale de prévoyance militaire (AGMP), la mutuelle des militaires, ont été placés en garde à vue mardi 4 juin au matin à Toulon, après avoir été convoqués dans les bureaux de la police judiciaire, selon les informations de France Bleu Provence. Le siège de l’Association générale de prévoyance militaire, qui emploie 850 salariés et est situé quartier Sainte-Musse, a également été perquisitionné.
Cette étape judiciaire fait suite à une enquête ouverte il y a 18 mois sur des soupçons de harcèlement moral et sexuel au sein de la mutuelle des militaires, qui compte 715 000 clients dont 80% de militaires et d’anciens militaires. Deux audits sur les conditions de travail ont mis en cause le PDG et la direction de la mutuelle. Ces audits ont été lancés après la tentative de suicide d’un salarié en février 2021, reconnue comme accident du travail par la CPAM.
« Climat de peur », management « autoritaire »
Les documents consultés par France Bleu Provence, basés sur 680 questionnaires de salariés et une cinquantaine d’entretiens, font état d’un « climat de peur » et de comportements inappropriés, ainsi que d’une extrême souffrance ressentie chez les collaborateurs avec un management toxique et délétère et au moins 55 victimes potentielles à avoir une altération de leur santé physique et/ou mentale.
Le management du PDG Patrice Paulet est remis en cause, qualifié d’ »autoritaire, ancré dans une culture militaire à fortes valeurs ». Les collaborateurs sont dénigrés, la qualité est reprochée, avec des humiliations en public régulières. Il n’est pas rare que Patrice Paulet hausse le ton, ce qui laisse les collaborateurs sidérés par la violence, selon l’audit.
Accusations de harcèlement sexuel
Selon le rapport d’un des cabinets d’audit consulté par France Bleu, Patrice Paulet a eu des propos et comportements inappropriés à connotation sexuelle avec une ancienne collaboratrice. Des mails insistants ont été mentionnés, ainsi que des gestes déplacés comme une main sur le bas des hanches ou la cuisse, et une tentative d’embrasser la salariée lors d’un voyage professionnel en train. Cette femme, ayant refusé les avances de l’ancien militaire, s’est mise en arrêt maladie en février 2020 avant d’être licenciée pour raisons professionnelles.
Une enquête préliminaire a été ouverte pour vérifier le bien-fondé des accusations de harcèlement sexuel dénoncées auprès du parquet de Toulon. L’avocat de l’AGPM a réfuté ces accusations, qualifiant les rapports des audits d’amalgame et les accusations de rumeurs infondées et calomnieuses.