Les « Les Diaboliques », initialement interdits par la censure en 1874, ont finalement vu le jour en 1883. Cette œuvre littéraire a toujours été marquée par une atmosphère sulfureuse, ce qui a fortement contribué à sa renommée. C’est finalement en 2020 que Christophe Barbier a réalisé la première adaptation théâtrale de ce célèbre roman.
Les Diaboliques de Jules Barbey d’Aurevilly adaptées pour la scène par Christophe Barbier
Quatre des six nouvelles des Diaboliques de Jules Barbey d’Aurevilly sont adaptées pour la scène par le critique et dramaturge Christophe Barbier. Ces nouvelles, intitulées Le Bonheur dans le crime, Le Rideau cramoisi, La Vengeance d’une femme et Un dîner d’athées, sont mises en scène par Nicolas Briançon. Trois comédiens et une comédienne se partagent les rôles, donnant vie aux Diaboliques du mardi au dimanche à 21h au Théâtre de Poche à Paris.
Barbey d’Aurevilly commence par se défendre devant un juge invisible pour éviter un procès lié à des accusations d’atteintes aux bonnes mœurs et d’apologie du crime. Il enchaîne ensuite la narration de quatre histoires pour étayer sa défense. Une femme de chambre cache un double jeu, une fille introvertie se consume par amour, une femme se venge de son mari en se prostituant et un athée avoue à un prêtre avoir succombé à une femme fatale.
Élégante perversité sur scène
Christophe Barbier a choisi de mettre en avant la perversité élégante des Diaboliques. Chaque récit est interprété par l’un des quatre comédiens et comédiennes présents sur scène : Gabriel Le Doze, Magali Lange, Krystoff Fluder et Reynold de Gueyniveau. L’adaptation réussie permet au spectateur de ne rien perdre de l’intrigue. La langue sophistiquée de Barbey d’Aurevilly, même dans les passages les plus sombres, est parfaitement restituée par Christian Barbier.
La mise en scène sobre de Nicolas Briançon, empreinte d’une atmosphère particulière, équilibre la charge émotionnelle des récits. Le Théâtre de Poche se transforme en un écrin sombre et mystérieux, orné de motifs graphiques évoquant l’univers de Gustave Doré. Les costumes sophistiqués des personnages renforcent leur rôle de pions dans des desseins obscurs.
Belle dame sans merci
Au cœur de ces histoires se trouve la figure de la femme fatale, la « Belle dame sans merci » évoquée dans le poème de John Keats. Mystérieuse et envoûtante, elle séduit les hommes et les laisse sans défense face à sa force extraordinaire, hors norme.
Certaines pourraient voir dans ces femmes diaboliques une forme de misogynie de la part de Barbey d’Aurevilly. Cependant, attribuer à la femme un pouvoir au-delà de la séduction pourrait être interprété comme une réhabilitation de sa place dans la société. Ces femmes ne sont pas simplement des êtres faibles, mais détiennent un pouvoir qui dépasse les limites imposées par les normes sociales, reléguant les hommes au rôle de pantins sans vie.
Les Diaboliques, adaptées par Christophe Barbier d’après Jules Barbey d’Aurevilly, sont à découvrir au Théâtre de Poche Montparnasse, à Paris, du mardi au dimanche à 21h.