En France, tous les indicateurs économiques sont actuellement dans une situation préoccupante, à l’exception de la légère décélération de l’augmentation des prix. Cette situation est principalement due à l’instabilité politique qui règne dans le pays et à l’absence de budget clair pour l’avenir.
La France a débuté l’année 2025 sans budget suite à la chute du gouvernement de Michel Barnier. Cependant, une loi spéciale a été promulguée pour permettre à l’État de continuer à fonctionner. Les ministres de l’Économie, Eric Lombard, et des Comptes publics, Amélie de Montchalin, auront la lourde tâche de mener les discussions pour établir un budget dans un contexte économique incertain en France et dans le monde. En effet, l’Insee et la Banque de France prévoient une croissance « morose » et une hausse du taux de chômage en 2025, dans un contexte d’instabilité politique et de dérapage des finances publiques. Seule l’inflation en ralentissement constitue une bonne nouvelle.
Une croissance au ralenti
Selon l’Insee, la croissance du produit intérieur brut (PIB) au premier semestre 2025 devrait être de 0,2% par trimestre, dans un paysage économique morose. La Banque de France, de son côté, a revu à la baisse ses prévisions pour l’année 2025, anticipant une croissance de 0,9%, en raison de l’incertitude internationale. L’économiste Anne-Sophie Alsif souligne que la politique protectionniste de Donald Trump pourrait impacter négativement la zone euro, notamment l’Allemagne et la France.
Selon les prévisions, le commerce extérieur ralentira et les investissements privés seront gelés, mais la consommation des ménages devrait augmenter. L’Insee prévoit une augmentation des dépenses des ménages en début d’année, soulignant que le taux d’épargne des Français pourrait se réduire si l’incertitude politique prend fin. Mathieu Plane de l’OFCE conclut que la France ne serait pas en récession, mais en croissance faible.
Un déficit réduit mais excessif
En ce qui concerne les finances publiques, le déficit public s’est aggravé en 2024, atteignant 6,1% du PIB. Le gouvernement de François Bayrou n’a pas encore fixé l’objectif de déficit pour 2025, mais des hausses d’impôts limitées et des économies supplémentaires sont envisagées pour contenir le déficit. Une procédure pour déficit excessif a été ouverte par la Commission européenne, et la Banque de France estime un déficit entre 5% et 5,5%.
Une inflation qui se calme
Une bonne nouvelle est que l’inflation devrait continuer de ralentir en 2025, avec des prévisions de 1% en juin selon l’Insee. La Banque de France prévoit une inflation de 1,6% sur l’année, reflétant une nette baisse par rapport aux années précédentes. La Banque de France a souligné que le recul de l’inflation s’expliquerait en particulier par une inflation négative des prix de l’énergie. Selon Mathieu Plane, économiste, il s’agit certainement de la meilleure nouvelle pour l’économie dans son ensemble. Il a également ajouté que l’on retrouve des niveaux d’inflation modérés, et que si les prix augmentent, cela permettra de moins peser sur le pouvoir d’achat des ménages. La baisse attendue des taux d’intérêt offrira également plus de latitude aux ménages.
En ce qui concerne le taux de chômage, actuellement à 7,4% en France, il devrait remonter à 7,6% de la population active d’ici la mi-2025, selon l’Insee. La Banque de France, de son côté, prévoit un taux de demandeurs d’emploi de 7,8% en 2025. Elle observe que le marché du travail montre des signes de fléchissement, après avoir été dynamique depuis la pandémie, avec 1,1 million de créations nettes d’emplois depuis fin 2019.
Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer cette remontée du chômage, notamment une croissance en berne, le rétablissement de la productivité après la chute causée par la Covid-19, et des politiques publiques moins favorables à l’emploi. Le projet de loi de finances du gouvernement de Michel Barnier prévoyait, entre autres, une diminution de la prime à l’apprentissage et la baisse des exonérations de cotisations sociales.
Les effets de cette conjoncture se font déjà ressentir, avec des défaillances d’entreprises et des plans sociaux qui se multiplient. L’Insee estime que d’ici mi-2025, le secteur privé pourrait commencer à détruire des postes salariés, en particulier d’apprentis, et que l’emploi devrait ralentir dans le secteur public. Les créations d’emploi ne compenseraient pas la hausse de la population active, notamment en raison de la réforme des retraites qui a repoussé l’âge de départ de 62 à 64 ans. En outre, la note de conjoncture de l’Insee ne prend pas en compte les effets sur l’emploi d’éventuelles restrictions budgétaires à venir.