L’industrie du jeu vidéo, plus importante que les secteurs du cinéma et de la musique combinés, fait face à une crise sans précédent. En effet, depuis plus d’un an, de nombreux licenciements ont eu lieu dans plusieurs pays, malgré une croissance stable du marché mondial en 2023. Cette situation inquiétante affecte non seulement les grandes entreprises du secteur, mais également les petites structures et les travailleurs indépendants. Les raisons de cette crise sont multiples : concurrence accrue, coûts de production en hausse, évolution des modes de consommation des joueurs, etc. Les professionnels du jeu vidéo doivent donc faire face à de nombreux défis pour assurer la pérennité de leur activité.
Le secteur des jeux vidéo a connu une période difficile en 2024, avec plus de 11 000 licenciements d’employés dans le monde depuis le début de l’année. Cette tendance à la hausse a été observée après l’ouverture de la Gamescom à Cologne, en Allemagne. En 2023, le secteur pesait 168 milliards d’euros à l’échelle internationale, mais a depuis subi un ralentissement du marché après le boom lié aux confinements pendant la pandémie de Covid-19.
Héloïse Linossier, journaliste spécialiste des jeux vidéo et cofondatrice du média Origami, souligne que cette crise est inédite et que le secteur n’avait pas connu une telle situation depuis au moins trente ans. Malgré une croissance mondiale relativement stable de 0,6% en 2023, la fin de la parenthèse dorée du Covid a eu un impact significatif sur l’industrie.
La surproduction de jeux, due à une embellie temporaire pendant la pandémie, a conduit à une concentration des entreprises du secteur, avec de nombreuses acquisitions. Microsoft a racheté Activision Blizzard King pour plus de 63 milliards d’euros fin 2023, mais a ensuite supprimé 1 900 emplois. D’autres licenciements ont suivi, avec Embracer en tant qu’exemple emblématique de la crise actuelle.
La crise du secteur touche de nombreux pays, notamment les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, la Pologne et la France. Les investissements hasardeux des géants du numérique, comme Google et Amazon, ont également contribué à la crise. Certains studios ont tenté des investissements risqués, comme l’intégration de cryptomonnaies et de NFT dans leurs jeux, ce qui a été mal perçu par les joueurs et les développeurs.
Cette crise pourrait inciter l’industrie à revoir ses pratiques, notamment en ce qui concerne le coût des jeux. Le budget de certains jeux, comme Spider-Man sur PlayStation, est devenu excessif, ce qui soulève des questions sur la durée, le coût et la sophistication croissante des jeux vidéo. Une réduction de la taille et du coût des jeux pourrait être bénéfique pour l’industrie à long terme.