Une étude réalisée par le ministère du Travail met en lumière une corrélation entre le salaire des travailleurs et les conflits au sein des entreprises. Cette étude suscite des réflexions au sein du gouvernement concernant une éventuelle restriction du droit de grève dans les transports. Cependant, il est important de souligner que cette corrélation ne permet pas d’établir un lien de cause à effet direct. En effet, d’autres facteurs peuvent également influencer le niveau de conflictualité au sein des entreprises. Il est donc essentiel d’approfondir les recherches pour mieux comprendre les mécanismes à l’origine des tensions dans le monde du travail.
Une étude sur le lien entre les conflits au travail et le niveau de rémunération
La Dares, le service statistique du ministère du travail, a mené une étude sur le lien entre les conflits au travail et le niveau de rémunération. Cette étude s’est appuyée sur une enquête réalisée en 2017 auprès de plusieurs milliers d’entreprises privées employant plus de 10 salariés.
Des constats sur la conflictualité au travail
Sarah Lemoine souligne que toutes les entreprises ne sont pas confrontées de la même manière à des conflits au travail. En effet, seules 3% des entreprises interrogées déclarent être touchées par des conflits individuels et collectifs fréquents et longs. Ces entreprises, qui emploient 10% des salariés du privé, sont principalement présentes dans des secteurs tels que l’industrie et les transports. Elles ont souvent recours à des contrats précaires, présentent une forte présence syndicale et engagent régulièrement des négociations salariales.
Concernant la rémunération, l’étude révèle que les entreprises confrontées à des conflits longs et fréquents affichent une rémunération horaire moyenne plus élevée que celles qui ne sont pas confrontées à ces situations. Par exemple, en 2014, l’écart était de 3 euros brut, et il est passé à 3,30 euros en 2019. Cet écart est également observé pour les entreprises confrontées à des conflits spécifiques sur les salaires.
Le lien entre conflit et rémunération
Cependant, Maxime Lescurieux, sociologue à la Dares, met en garde contre une interprétation hâtive de ces résultats. Si une corrélation significative entre le niveau de conflictualité et le niveau de rémunération a été établie, cela ne signifie pas pour autant qu’il y ait un lien de cause à effet direct. D’autres facteurs non mesurés par l’étude pourraient également influencer ces résultats.
En observant l’évolution des rémunérations entre 2014 et 2019, on constate que la progression est relativement similaire entre les entreprises, qu’elles soient confrontées à des conflits ou non, et qu’elles engagent ou non des négociations salariales.