De plus en plus de zones de châtaigniers sont détruites en région parisienne en raison de la maladie de l’encre, une maladie incurable qui se propage en raison des changements climatiques.
Abattage de châtaigniers malades en Île-de-France
En plein cœur de la forêt de Fausses-Reposes, située entre les communes de Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine) et Versailles (Yvelines), des forestiers sont à l’œuvre pour abattre des châtaigniers malades à l’aide de tronçonneuses. Malgré les protestations, matérialisées par des inscriptions telles que « ONF FUMIER, ORDURE » sur un panneau d’information annonçant les travaux, l’Office national des forêts n’a pas d’autre choix que de procéder à ces coupes. En effet, les châtaigniers sont touchés par la maladie de l’encre, les condamnant à terme.
« À terme, le châtaignier en Île-de-France est quasiment condamné. »
Pierre-Emmanuel Savatte, ONFà franceinfo
Selon Pierre-Emmanuel Savatte, directeur territorial de l’ONF Île-de-France ouest, le phytophthora cinnamomi, responsable de la maladie de l’encre, est présent dans le sol depuis plus de deux siècles. Autrefois limité par des hivers rigoureux, ce pathogène se propage désormais plus facilement en raison du changement climatique. Les châtaigniers, privés de ressources hydriques suffisantes, sont donc voués à disparaître dans la région.
Face à cette situation, aucun traitement n’existe pour soigner les châtaigniers malades. Lorsque les racines sont touchées, l’arbre perd progressivement ses feuilles et ses fruits deviennent plus petits. En fin de compte, c’est toute la santé de l’arbre qui est compromise.
Une coupe nécessaire pour éviter les accidents
À quelques kilomètres de là, dans la forêt de la Malmaison également située dans les Hauts-de-Seine, une autre parcelle de châtaigniers malades est destinée à être abattue au début du mois de mars 2024. Pierre-Emmanuel Savatte souligne l’importance de cette mesure préventive pour éviter tout risque d’accident, notamment le long des chemins fréquentés par le public. Les châtaigniers prélevés avant d’être complètement morts serviront à la production de bois énergie, offrant ainsi une petite source de revenus.
En effet, ces châtaigniers condamnés pourraient finir dans une cheminée. Mais en les prélevant à temps, l’ONF peut les valoriser en les vendant pour la fabrication de meubles ou de parquet. Ces coupes rases, appelées aussi coupes sanitaires lorsqu’il s’agit d’arbres malades, contribuent à préparer la forêt pour les générations futures, comme le souligne M. Savatte.
Dans la parcelle de la forêt de la Malmaison, déboisée il y a trois ans, des essences variées ont été replantées en 2022. Ces essences ont été sélectionnées grâce à un logiciel de l’Inrae appelé Climessences, utilisé par l’ONF pour choisir des arbres adaptés au sol et au climat à venir. Les jeunes pousses sont plantées en rangées et protégées des cerfs friands par des clôtures. Parmi ces essences, on retrouve des chênes sessiles, des tilleuls à petites feuilles, des alisiers, des cormiers et quelques résineux.
Il faudra attendre environ 20 ans pour voir à quoi ressemblera la forêt de demain, lorsque les arbres auront atteint une dizaine de mètres de hauteur après avoir survécu et prospéré.