Expositions hommage aux « étrangers indésirables » en déportation à Argelès-sur-Mer

À Argelès-sur-Mer, deux expositions de dessins réalisés en déportation rendent hommage aux "étrangers indésirables"
          Le Mémorial du camp d’Argelès et la Casa de l’Albera dans les Pyrénées-Orientales exposent, jusqu'au 6 avril 2024, une centaine de dessins et peintures réalisés par des déportés espagnols durant la Seconde Guerre mondiale.

Jusqu’au 6 avril 2024, le Mémorial du camp d’Argelès et la Casa de l’Albera dans les Pyrénées-Orientales proposent une exposition mettant en lumière une centaine d’œuvres artistiques réalisées par des déportés espagnols pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces dessins et peintures témoignent de la souffrance et de la résilience de ces personnes qui ont été victimes de l’horreur des camps de concentration. Cette exposition offre aux visiteurs l’opportunité de découvrir le talent et la créativité de ces artistes, mais également de se souvenir de l’histoire tragique de cette période sombre de l’humanité.

La résistance par l’art dans les camps de concentration

Évoquer l’horreur de la guerre et laisser une trace pour les survivants est une tâche complexe. Comment s’exprimer tout en se protégeant ? Comment survivre à l’isolement, à la proximité et à la peur ? Ces questions restent souvent sans réponse, mais résonnent encore aujourd’hui.

Pour certains détenus des camps de concentration, le dessin et la création étaient des moyens de résistance et d’évasion. Les peintures et dessins réalisés dans ces conditions extrêmes, appelés dessins concentrationnaires, sont actuellement exposés au Mémorial d’Argelès-sur-Mer et à la Casa de l’Albera. Ces œuvres ont été créées par une quinzaine d’artistes espagnols, surnommés les « étrangers indésirables », internés dans le camp de concentration du Vernet d’Ariège de 1939 à 1944.

Exposition « Étrangers indésirables 1939-1944 » au Mémorial du camp d’Argelès.

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(FRANCE 3 LANGUEDOC-ROUSSILLON / P. Georget / F. Savineau / C. Gedeon)

Durant la Seconde Guerre mondiale, 35 000 prisonniers de 72 nationalités différentes ont été internés dans le camp du Vernet. Divisés en deux catégories, il y avait les étrangers considérés comme sains et aptes au travail, et les « étrangers indésirables », rejetés par tous les pays.

« Évidemment, c’est cette deuxième catégorie qui était visée et particulièrement surveillée jusqu’à la fin de la guerre », précise Emmanuelle Hospital, responsable du service culture à Argelès.

La vie quotidienne dans les camps à travers l’art

Ces dessins et croquis réalisés en captivité nous renseignent sur la vie des réfugiés détenus au camp du Vernet d’Ariège. Plus de cent œuvres décrivent la routine au sein du camp. On y voit l’intérieur des cellules, les baraquements, la cour, mais aussi de nombreux portraits saisissants. Deux hommes se font face, le regard sérieux. Un autre, avec un visage marqué par la souffrance, nous fixe intensément, cherchant à transmettre l’horreur vécue par les prisonniers.

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Certains artistes conservaient malgré tout leur humour, dessinant l’absurde de la situation. Parfois, les témoignages des familles viennent compléter le travail commémoratif. Les visages dessinés et les noms des artistes sont alors accompagnés de leur histoire.

Les conditions matérielles étaient précaires dans le camp, et les artistes devaient souvent ruser pour obtenir crayons et papier. « Ils recyclaient des supports comme des enveloppes, et la Croix-Rouge jouait un rôle crucial en leur fournissant de quoi dessiner », explique Emmanuelle Hospital. Ces œuvres, souvent réalisées en secret, permettent de ne pas oublier cette partie de notre histoire commune.

A travers des archives et des fiches d’internement, l’exposition montre également comment 6 226 déportés ont été les victimes d’une collaboration morbide entre le camp du Vernet et d’autres camps en Allemagne, en Italie ou à Djelfa, en Algérie française.

Un lieu de mémoire

Depuis 2014, le Mémorial du camp d’Argelès-sur-Mer rend hommage aux Républicains espagnols ayant fui le franquisme en 1939, lors de l’événement historique dramatique connu sous le nom de « Retirada ». Plus de 160 000 hommes, femmes et enfants ont séjourné dans ce camp entre février 1939 et début 1942. Il s’agissait principalement de réfugiés espagnols, mais aussi d’anciens des brigades internationales, de nomades français ou de réfugiés de l’Europe de l’Est, dont des juifs étrangers.

A travers des expositions, ce site commémoratif revient sur les trois années de fonctionnement du camp.

Exposition « Étrangers indésirables 1939-1944 » au Mémorial et à la Casa de l’Albera d’Argelès-sur-Mer jusqu’au 6 avril 2024. Ouvert du mardi au samedi d’octobre à juin de 10h à 13h et de 14h à 18h. Tarif : 2 euros.

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