Alors que certains festivals de renom tels que les Vieilles Charrues ou Rock en Seine ont déjà annoncé leur programmation, d’autres événements musicaux prévus en même temps que les Jeux Olympiques de 2024 restent dans l’incertitude.
La saison estivale des festivals de musique coïncidera avec les Jeux olympiques de 2024 en France, ce qui soulève des questions sur la façon dont ces deux événements pourront coexister sans difficultés. Certains festivals seront maintenus aux dates et formats habituels, grâce aux discussions menées localement, explique Malika Seguineau, responsable du Prodiss (Syndicat national du spectacle musical et de variété).
Cependant, il y a eu une incompréhension dans le secteur des festivals et des grands concerts lorsque Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a évoqué en octobre 2022 la nécessité d’annuler ou de reporter certains événements culturels pendant l’été 2024 en raison de la mobilisation massive des forces de l’ordre pour les Jeux olympiques (26 juillet au 11 août) et les événements qui les précèdent ou les suivent.
En plus des Jeux olympiques de Paris, d’autres villes seront également concernées par des événements tels que le passage de la flamme olympique dans de nombreuses villes entre mai et septembre 2024, l’ouverture du village olympique, les célébrations du 80e anniversaire du débarquement en Normandie et les Jeux paralympiques.
Réunion au ministère de la Culture
Suite à une réunion au ministère de la Culture début novembre 2022 avec tous les acteurs du secteur, un cadre a été progressivement défini pour un dialogue avec les autorités locales. Ainsi, des festivals emblématiques tels que Rock en Seine en région parisienne et les Vieilles Charrues en Bretagne pourront se tenir selon leur calendrier habituel, en accord avec les préfectures concernées.
En revanche, le sort du festival Lollapalooza Paris, qui se déroule le week-end prochain et donc en pleine période sensible de l’été 2024, reste incertain. Angelo Gopee, directeur de Live Nation France, l’organisateur de l’événement, déclare qu’il n’a pas encore trouvé de nouveau site pour le festival et qu’une décision finale sera prise d’ici dimanche prochain.
Préoccupations pour les petits festivals
Pour les festivals de taille moyenne et petite, il y a également des préoccupations. Stéphane Krasniewski, responsable des festivals au Sma (Syndicat des musiques actuelles), soulève des questions concernant des festivals tels que Les 3 Elephants à Laval et Levitation à Angers, qui coïncideront avec le passage de la flamme olympique. Il se demande si ces festivals auront l’autorisation de se tenir, si les villes seront saturées à ce moment-là et s’il y aura une sur-sollicitation des moyens techniques.
Il mentionne également les festivals Hadra dans l’Allier et Woodstower près de Lyon, qui se dérouleront pendant les Jeux paralympiques. Ces festivals ne peuvent pas être déplacés car cela entrerait en concurrence avec d’autres événements similaires.
Stéphane Krasniewski souligne également les conflits d’utilisation, tels que le festival Les Intemporel-les dans l’Indre, qui se déroule dans une zone où une base olympique sera installée et où aucun hôtel ne sera disponible à ce moment-là.
Préjudice pour la filière musicale
Luc Barruet, directeur du festival parisien Solidays, ne s’inquiète pas de la tenue de son événement à la fin juin. Cependant, il craint la concurrence des Jeux olympiques, qui risquent d’attirer des ressources humaines et matérielles nécessaires à l’organisation du festival.
De plus, Malika Seguineau souligne que les salles de type Arena et les stades ne seront pas accessibles pendant de longs mois en raison de leur utilisation pour les JO de Paris. Elle estime que cela entraînera une perte de chiffre d’affaires de plus de 160 millions d’euros pour la région parisienne, ce qui aura un impact sur la filière musicale. Elle demande donc une compensation pour ce préjudice, notamment en termes de droits d’auteur et de taxes fiscales reversées au Centre national de la musique (Cnm).